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Med ÆRIK ANTALL, auteur et coach littéraire

Polar - Thriller - Aventure - Espionnage

TECHNIQUES D'ÉCRITURE - 1 : Plan VS canevas structurel

Ma biographie se compose de :
plan-structure de roman-avec ou sans plan

pour lesquels je n'ai jamais fait aucun plan détaillé. Tout au plus un simple canevas structurel.

Vous allez comprendre que la différence est de taille.

 

 

J’ai commencé à écrire mon premier roman NOISY NIGHTS avec une simple idée de base, et je l'ai terminé d'un trait, sans filet. Comme Jack Kerouac avec "Sur la Route" – oui, quitte à se comparer, allons-y gaiement.

J'avais dix-neuf ans. Ne connaissant rien à la vie l'écriture d'un premier roman, j'y suis allé au feeling. En autodidacte.

Sauf que depuis, pour les nombreuses histoires qui ont suivi, j'ai été confronté à de nombreux blocages. 

 

 

Trois raisons expliquent mon rejet viscéral du plan détaillé :

  • Je ne connais pas assez mes personnages pour en planifier toute l'évolution en amont. Les 22 étapes décrites par John Truby, je m'y suis attelé. Au début, tout allait bien, c'était même plutôt efficace, l'intrigue avançait comme sur des roulettes. Mais au bout de plusieurs semaines de boulot consciencieux pour coller au plan de cet enfoiré, un personnage s'est comporté de manière imprévue, n'a pas respecté ce qu'il était censé faire. Ce qui, le rendait d'ailleurs plus intéressant, plus paradoxal, moins creux. Et ça, je l'ignorais. Du coup, cette réaction (logique au regard de sa personnalité mais soudain en contradiction avec les 22 étapes initiales) a dévasté tout le reste. Trois semaines sans écrire un mot, à chercher une solution à ce foutu blocage. Solution que je n'ai jamais trouvée. 70% de mon joli plan a fini à la poubelle. Et là, tout s'est débloqué. Au fil de l'écriture, on apprend de ses personnages et certains évoluent différemment de ce qu'on avait prévu au départ, quand on faisait à peine connaissance. Pour pallier à cela, certains auteurs remplissent des fiches, tartinent des pages entières de détails concernant leurs personnages, voire même écrivent de petites histoires parallèles pour se familiariser avec eux. En ce qui me concerne, je n'en ai ni la patience ni l'abnégation. J'ai besoin d'écrire l'aventure que j'ai en tête, et qui les concerne directement. 
  • J'aime découvrir l'histoire tout en l'écrivant. C'est un sentiment grisant, presque enfantin, dont je ne peux me passer. Mon plaisir d'écrire vient en grande partie de cette adrénaline issue de la découverte. Devenir spectateur du film que l'on met en scène. Étrange phénomène...
  • Je fonctionne à l'inspiration. Souvent, je passe des jours sans écrire, voire des semaines ou des mois, à chercher l'idée, le personnage dont j'ai besoin. Par contre, une fois que ça vient, je ne peux plus m'arrêter. Ce dont je suis aujourd'hui certain, par contre, c'est que cette façon de découvrir l'histoire en suivant son inspiration est totalement antinomique avec le suivi scrupuleux d'un plan détaillé établi à l'avance, bien trop sclérosant ou castrateur. En revanche, une telle démarche peut d'ailleurs s'avérer piégeuse si l'on n'y prend garde... J'y reviendrai plus bas.
Et vous ? Avez-vous déjà ressenti ce sentiment d'étrange euphorie face à ce flux d'inspiration ?
  • Autre phénomène (presque) inexpliqué : les personnages agissent par eux-mêmes, souvent à l'encontre de ce que j'avais prévu . C'est lorsqu'ils prennent les rênes du récit que mon histoire devient la leur, celle qu'ils m'imposent et qu'ils ont choisi de vivre ! Elle se déroule sous mes yeux ; je n'ai plus qu'à l'écrire.

Avez-vous été confronté à la prise de pouvoir de vos personnages ?

 

plan de roman-structure narrative-auteur de polar-ecrivain-ecrire-methode d'ecriture
Un récit de fiction est toujours structuré par la logique des personnages

 

Attention !

Se lancer bille en tête dans la rédaction sans un minimum de préparation, c'est l'assurance de vous prendre un mur en parpaings aussi brutal et inopiné que le bourre-pif du barman un soir de biture. Or, c'est au pied du mur qu'on voit le mieux le mur. Vous aurez donc appris à vos dépens qu'un travail en amont vous aurait permis de le surmonter aisément, d'en réduire la hauteur ou, mieux, d'anticiper sa présence et de le contourner sans coup férir.

Ce travail en amont dans la rédaction du premier jet se décline en trois points :

  • la planification de l'intrigue

  • les recherches sur le contexte

  • la caractérisation des personnages

 

plan de roman-structure du récit-ecrire sans plan-peut-on écrire sans plan ?
Se référer à une ossature modulable en 3 points

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Plan sclérosant VS canevas piégeux

Vous l'avez compris, tous les romans ne nécessitent pas un plan, et tous les écrivains n'aiment pas forcément cette approche. 

Toutefois, l'indéboulonnable structure en 3 actes a largement fait ses preuves, et représente un cadre efficace à tout récit de fiction, AVESTH de surcroît. Comme toute technique, elle a ses aficionados et ses détracteurs. Selon moi, elle reste une référence, tant dans le cinéma que dans les meilleures séries TV, dont les scénaristes ont beaucoup progressé. Son efficacité reste aujourd'hui valable pour n’importe quel récit audiovisuel ou littéraire.

Il est donc important de la connaitre et de la maîtriser afin de pouvoir ensuite s’en affranchir et s'y référer au gré des besoins.

 

3 actes-structure du roman-ecrire un livre-auteur-polar-ecrire-methodes d'ecriture
Les 3 actes du récit et leurs articulations

 

 

Jardinier ou architecte ?

Un plan, c’est la structure de l’histoire que vous allez écrire. Ses grandes lignes directrices, rédigées de façon plus ou moins précise selon vos besoins. Cela s'apparente à un résumé, décortiqué en chapitres et en unités narratives.

Il sert à tracer un itinéraire.

Après avoir terminé le premier chapitre, vous n’aurez pas besoin de vous demander ce qui se passera dans le deuxième. Vous le saurez, et vous pourrez continuer le récit sans devoir vous arrêter.

plan du récit-structure narrative-méthode d'écriture
Calculer ou bâtir un château de cartes ?

Les "architectes" ne jurent que par les plans, alors que les "jardiniers" prétendent qu’ils brident la créativité et qu’écrire en connaissant chaque péripétie à l’avance détruit le sel du métier et rend insensé tout travail artistique.

​​​​

Cette distinction a été rendue populaire par l’auteur de la célèbre saga Le trône de fer, George R.R. Martin. L’architecte fait davantage appel à ses facultés d’organisation et le jardinier à ses facultés d’improvisation. Comment savoir quel type d’auteur vous êtes ?

Plan ou pas, on peut affirmer de prime abord que l'auteur doit prévoir un minimum ce qui se déroulera dans son histoire avant d’entreprendre l’écriture.

Sinon, c'est le mur dans la gueule après vingt pages. 

 

 

1- Le jardinier laisse pousser

Le « jardinier » ne prépare pas le plan de son roman avant de commencer à écrire.

Il part en général :

  • d’une vague ébauche d'intrigue
  • d'un personnage bien senti
  • quelques bribes de dialogues
  • d'une scène en particulier

 

Le jardinier peut se planter

Il peut avoir une idée de la fin, mais pas toujours. Son premier jet ne révèle souvent pas l’histoire définitive.

Il faudra beaucoup de travail de réécriture par la suite pour terminer le roman, comme un jardinier qui laisse ses plants pousser avant de les tailler. Et ce type d’écrivain, quand il sera confronté à un blocage, créera peut-être aussi un plan après plusieurs dizaines de pages. Entre nous, je ne pense pas que l'on puisse terminer un roman en se lançant à corps perdu dans l'écriture sans un ersatz d'ossature minimale.

 

Ceci étant, le jardinier :

  • avance vite
  • a la satisfaction de terminer rapidement le premier jet
  • se laisse porter par l'intuition
  • reste souple et ouvert au bon vouloir des personnages 

 

Quand bien même le jardinier essaierait de planifier assidûment son récit avant d’écrire, il s’ennuierait ferme et renoncerait avant même de commencer.

Pour avancer, il a besoin de découvrir l’histoire comme le lecteur.

 

Peut-on écrire sans plan ?
Suivre l'itinéraire déjà tracé ou rêver à la route qui défile ?

 

2- Travailler en architecte amène beaucoup d’avantages

  • FAIT GAGNER DU TEMPS : un plan accélère drastiquement le processus d’écriture. En ayant une structure solide entre les mains, vous risquez moins les bloczages et les errances du premier jet.
  • FACILITE LES INTRIGUES COMPLEXES : Si vous prévoyez d’écrire un roman avec de nombreux fils d’intrigue, des flash-backs, des interactions de plusieurs personnages, je vous recommande d'utiliser un plan (conjointement à des fiches personnages détaillées).
  • SIMPLIFIE LA RÉÉCRITURE : quand les scènes d’une histoire sont préméditées, on a généralement moins besoin de revenir en arrière pour ajuster la cohérence entre le commencement et la conclusion. Dès le départ, l’auteur a une vue d'ensemble sur l'imbrication des chapitres.
  • MOTIVE : avec un plan, vous saurez exactement quand votre roman finira. Vous serez donc capable de mesurer l'avancée de votre projet jour après jour.
  • PERMET D'ÉCRIRE DANS LE DÉSORDRE : quand un éclair de génie vous traversera pour une scène prévue au chapitre 25, alors que vous serez en train d’écrire le n°5, pas de problème : vous pourrez bondir dans le temps et ajouter ce passage immédiatement. Pour être honnête avec vous, je n'y crois pas une seconde.

 

 

plan du récit-structure narrative-ecrire un livre
Écrire, c'est planifier

Cependant, cet outil qu'est le plan s’accompagne d’un inconvénient majeur : iFIGE LA STRUCTURE du récit qui, comme je l'ai expliqué, dépend en premier lieu des actions des personnages.

À moins d'avoir parfaitement campé vos personnages et d'en connaître le caractère, les faiblesses et les besoins sur le bout des doigts, vous ne pouvez, dès la rédaction du plan, prévoir le moment où ils vont n'en faire qu'à leur tête et vous échapper.

Ce qui est INÉVITABLE.

Une fois à la merci de leur frivolité, votre plan volera en éclats et c'est la panique assurée !

Alors, si comme moi vous pensez qu'il est capital de  prévoir les grandes lignes de l'histoire tout en restant ouvert•e à l'imprévu, je vous suggère d'opter pour le cavenas structurel.

 

canevas-structure de roman-ecrire avec ou sans plan
Le héros est toujours dans l'ombre du canevas structurel

 

 

Planifier n'est pas "figer"

Le jardinier et l’architecte sont évidemment deux catégories arbitraires, dans lesquelles je ne me reconnais pas forcément.

Alors puisque je ne suis ni un stakhanoviste du plan détaillé ni un hippie jovial qui gambade cul à l'air dans les herbes hautes, j'utilise un mélange des deux approches : le canevas structurel.

 

Canevas (n.m) :

Ensemble des points principaux,

trame d'un ouvrage, d'un exposé,

schéma général.

synonymes : squelette, agencement, ossature.

 

ossature du recit-plan de roman-ecrire avec ou sans plan
Édifier l'ossature du récit

 

Le CANEVAS STRUCTUREL est selon moi le meilleur compromis entre la planification nécessaire de l'histoire et une modularité qui la rend progressive. 

La construction se fait par à-coups.

Cela permet de se lancer intuitivement dans l'écriture et de laisser libre cours à son imagination.

 

Le canevas se compose ainsi :
  • Une ligne par chapitre

  • Une idée par ligne

  • Enchaînement logique

  • Progression parcellaire (la suite dépendra des aléas de la rédaction)

 

 

Un cas concret : mon premier canevas structurel de "Poisonik"

 

Poisonik-trilogie policière-auteur de polar-methode d'ecriture-technique d'écrivain
Découpage de l'intrigue principale en séquences-chapitres

 

Ce sont là les premières idées, disparates, dont la plupart ont d'ailleurs été abandonnées (le prénom Alexandre, le rôle de la mère de Roxane, la volonté de revendre les lingots). Mais sont déjà présentes les grandes lignes directrices de l'intrigue principale, auxquelles viendront se greffer plus tard tous les à-côtés, essentiels à façonner une bonne histoire :

  • les intrigues et les personnages secondaires
  • les conflits internes et externes
  • les enjeux
  • le mystère
  • le suspense
  • etc

 

Arrêtons-nous à la ligne 4 : Après la découverte du cadavre de Judas Hitler (JH1), photographe urbex, Roxane Iadonisi doit convoquer au funérarium son frère David pour identification. Elle se rend donc à contrecœur au CReBAT, centre de rééducation des blessés de l'armée, où ce dernier est interné depuis onze ans.

Voilà pour l'idée du chapitre 4 : "Roxane se rend au CReBAT".

En pratique, ce chapitre s'est découpé en plusieurs scènes, au cours desquelles j'ai développé plusieurs aspects relatifs à l'intrigue et aux personnages. Autant de points qui influeront sur la progression personnelle de Roxane tout au long de l'histoire (arc narratif) :

  • Une conversation téléphonique houleuse sur le trajet entre Digne-les-Bains et le Centre, au cours de laquelle Rox et son commissaire s'engueulent (conflit externe) à propos du fait de jouer les taxis,  du chaperon qu'il lui a collé sur le dos (Pourquoi ? Découvrez-le donc ici) et des enjeux professionnels imposés par la procureure : après l'accident qui la contraint à utiliser une béquille (conflit interne), Roxane doit prouver qu'elle est encore apte au service (enjeu majeur).
  • L'angoisse qu'elle éprouve à l'idée de retrouver David (allié, personnage secondaire), son grand amour d'enfance qui lui a brisé le cœur (conflits interne et externe, intrigue secondaire).
  • La découverte du Centre, au beau milieu du Mercantour, par l'intermédiaire de l'adjudant Rihaubrac (que l'on retrouvera, sans que je le sache encore à ce stade, dans Anesthésik et Cinégétik)

 

lecteur-structure du récit-methode d'ecriture
Une bonne structure permet de créer l'alchimie

Le canevas structurel s'apparente donc à une ébauche laconique de la structure du récit. Une ligne devient un chapitre complet, éventuellement décliné en sous-chapitres, au cours duquel je m'attache à enrichir la narration de ce qui, par la suite, en constituera tout le suc.

 

 

L'art de l'auteur consiste désormais à bidouiller tous ces ingrédients à sa sauce de façon à présenter au lecteur un plat raffiné et digeste.

Cela s'appelle le secret de fabrication.

Bien que relevant d'un travail considérable, méthodique et chronophage, ce mécanisme complexe d'imbrication où toutes les pièces du puzzle finissent par s'assembler en parfaite harmonie, s'apparente  à une sorte de magie.

Et ça, les lecteurs adorent !

 

ecrivain-auteur-ecrire-ecriture
Un écrivain, ça écrit
En conclusion

Morale de l'histoire : est-ce que les plans détaillés sont nuls ? Est-ce que vous ne devez surtout pas faire ça ? Non.

Chaque auteur est différent. À vous de savoir ce qui vous convient pour développer des personnages plus réalistes, plus naturels, moins stéréotypés.

Et ne vous affolez pas si, d'un projet à l'autre, vous passez d'un plan très détaillé à pas de plan du tout ! 

En clair, il n'y a pas une méthode pour apprendre à écrire un roman, il y a une méthode par auteur.

 

Non, en réalité, il n’y a qu’une seule étape pour commencer à écrire votre roman.

Commencez, c’est tout.

C'est en écrivant que l'on apprend à écrire.

Ne pensez à rien, ni à l’intrigue, ni aux personnages, ni à la fin. Ne vous préoccupez pas des détails ou de la qualité de votre prose.

Pas pour l’instant.

Les meilleures idées arrivent au moment où on s’y attend le moins : c’est-à-dire pendant l’écriture (et le sommeil).

Tout ce qu’il vous faut pour l'instant, c’est une scène forte, que vous preniez PLAISIR à écrire.

Avec la pratique, vous allez commencer à comprendre votre rythme d'écriture, apprivoiser vos propres habitudes, vos goûts, vos besoins, et vous saurez si vous êtes architecte ou jardinier, ou aucun des deux, si vous préférez vous appuyer sur un plan détaillé ou ne vous contenter que d'un canevas structurel.

Et peu à peu, vous insufflerez à votre travail une méthode unique.

Qui ne viendra que de vous.

Pour cela, commencez par vous asseoir et kiffez votre race !

 

 

Vous êtes-vous déjà posé la question ? Avez-vous besoin de structurer votre histoire à l'avance pour parvenir à écrire ? Ou préférez-vous laisser libre cours à votre inspiration ?

 

 

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