17 Juin 2023
pour lesquels je n'ai jamais fait aucun plan détaillé. Tout au plus un simple canevas structurel.
Vous allez comprendre que la différence est de taille.
J’ai commencé à écrire mon premier roman NOISY NIGHTS avec une simple idée de base, et je l'ai terminé d'un trait, sans filet. Comme Jack Kerouac avec "Sur la Route" – oui, quitte à se comparer, allons-y gaiement.
J'avais dix-neuf ans. Ne connaissant rien à la vie l'écriture d'un premier roman, j'y suis allé au feeling. En autodidacte.
Sauf que depuis, pour les nombreuses histoires qui ont suivi, j'ai été confronté à de nombreux blocages.
Avez-vous été confronté à la prise de pouvoir de vos personnages ?
Ce travail en amont dans la rédaction du premier jet se décline en trois points :
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Vous l'avez compris, tous les romans ne nécessitent pas un plan, et tous les écrivains n'aiment pas forcément cette approche.
Toutefois, l'indéboulonnable structure en 3 actes a largement fait ses preuves, et représente un cadre efficace à tout récit de fiction, AVESTH de surcroît. Comme toute technique, elle a ses aficionados et ses détracteurs. Selon moi, elle reste une référence, tant dans le cinéma que dans les meilleures séries TV, dont les scénaristes ont beaucoup progressé. Son efficacité reste aujourd'hui valable pour n’importe quel récit audiovisuel ou littéraire.
Il est donc important de la connaitre et de la maîtriser afin de pouvoir ensuite s’en affranchir et s'y référer au gré des besoins.
Un plan, c’est la structure de l’histoire que vous allez écrire. Ses grandes lignes directrices, rédigées de façon plus ou moins précise selon vos besoins. Cela s'apparente à un résumé, décortiqué en chapitres et en unités narratives.
Il sert à tracer un itinéraire.
Après avoir terminé le premier chapitre, vous n’aurez pas besoin de vous demander ce qui se passera dans le deuxième. Vous le saurez, et vous pourrez continuer le récit sans devoir vous arrêter.
Les "architectes" ne jurent que par les plans, alors que les "jardiniers" prétendent qu’ils brident la créativité et qu’écrire en connaissant chaque péripétie à l’avance détruit le sel du métier et rend insensé tout travail artistique.
Cette distinction a été rendue populaire par l’auteur de la célèbre saga Le trône de fer, George R.R. Martin. L’architecte fait davantage appel à ses facultés d’organisation et le jardinier à ses facultés d’improvisation. Comment savoir quel type d’auteur vous êtes ?
Plan ou pas, on peut affirmer de prime abord que l'auteur doit prévoir un minimum ce qui se déroulera dans son histoire avant d’entreprendre l’écriture.
Sinon, c'est le mur dans la gueule après vingt pages.
Le « jardinier » ne prépare pas le plan de son roman avant de commencer à écrire.
Il part en général :
Il peut avoir une idée de la fin, mais pas toujours. Son premier jet ne révèle souvent pas l’histoire définitive.
Il faudra beaucoup de travail de réécriture par la suite pour terminer le roman, comme un jardinier qui laisse ses plants pousser avant de les tailler. Et ce type d’écrivain, quand il sera confronté à un blocage, créera peut-être aussi un plan après plusieurs dizaines de pages. Entre nous, je ne pense pas que l'on puisse terminer un roman en se lançant à corps perdu dans l'écriture sans un ersatz d'ossature minimale.
Ceci étant, le jardinier :
Quand bien même le jardinier essaierait de planifier assidûment son récit avant d’écrire, il s’ennuierait ferme et renoncerait avant même de commencer.
Pour avancer, il a besoin de découvrir l’histoire comme le lecteur.
Cependant, cet outil qu'est le plan s’accompagne d’un inconvénient majeur : il FIGE LA STRUCTURE du récit qui, comme je l'ai expliqué, dépend en premier lieu des actions des personnages.
À moins d'avoir parfaitement campé vos personnages et d'en connaître le caractère, les faiblesses et les besoins sur le bout des doigts, vous ne pouvez, dès la rédaction du plan, prévoir le moment où ils vont n'en faire qu'à leur tête et vous échapper.
Ce qui est INÉVITABLE.
Une fois à la merci de leur frivolité, votre plan volera en éclats et c'est la panique assurée !
Alors, si comme moi vous pensez qu'il est capital de prévoir les grandes lignes de l'histoire tout en restant ouvert•e à l'imprévu, je vous suggère d'opter pour le cavenas structurel.
Le jardinier et l’architecte sont évidemment deux catégories arbitraires, dans lesquelles je ne me reconnais pas forcément.
Alors puisque je ne suis ni un stakhanoviste du plan détaillé ni un hippie jovial qui gambade cul à l'air dans les herbes hautes, j'utilise un mélange des deux approches : le canevas structurel.
Canevas (n.m) :
Ensemble des points principaux,
trame d'un ouvrage, d'un exposé,
schéma général.
synonymes : squelette, agencement, ossature.
Le CANEVAS STRUCTUREL est selon moi le meilleur compromis entre la planification nécessaire de l'histoire et une modularité qui la rend progressive.
La construction se fait par à-coups.
Cela permet de se lancer intuitivement dans l'écriture et de laisser libre cours à son imagination.
Une ligne par chapitre
Une idée par ligne
Enchaînement logique
Progression parcellaire (la suite dépendra des aléas de la rédaction)
Ce sont là les premières idées, disparates, dont la plupart ont d'ailleurs été abandonnées (le prénom Alexandre, le rôle de la mère de Roxane, la volonté de revendre les lingots). Mais sont déjà présentes les grandes lignes directrices de l'intrigue principale, auxquelles viendront se greffer plus tard tous les à-côtés, essentiels à façonner une bonne histoire :
Arrêtons-nous à la ligne 4 : Après la découverte du cadavre de Judas Hitler (JH1), photographe urbex, Roxane Iadonisi doit convoquer au funérarium son frère David pour identification. Elle se rend donc à contrecœur au CReBAT, centre de rééducation des blessés de l'armée, où ce dernier est interné depuis onze ans.
En pratique, ce chapitre s'est découpé en plusieurs scènes, au cours desquelles j'ai développé plusieurs aspects relatifs à l'intrigue et aux personnages. Autant de points qui influeront sur la progression personnelle de Roxane tout au long de l'histoire (arc narratif) :
Le canevas structurel s'apparente donc à une ébauche laconique de la structure du récit. Une ligne devient un chapitre complet, éventuellement décliné en sous-chapitres, au cours duquel je m'attache à enrichir la narration de ce qui, par la suite, en constituera tout le suc.
L'art de l'auteur consiste désormais à bidouiller tous ces ingrédients à sa sauce de façon à présenter au lecteur un plat raffiné et digeste.
Cela s'appelle le secret de fabrication.
Bien que relevant d'un travail considérable, méthodique et chronophage, ce mécanisme complexe d'imbrication où toutes les pièces du puzzle finissent par s'assembler en parfaite harmonie, s'apparente à une sorte de magie.
Et ça, les lecteurs adorent !
Morale de l'histoire : est-ce que les plans détaillés sont nuls ? Est-ce que vous ne devez surtout pas faire ça ? Non.
Chaque auteur est différent. À vous de savoir ce qui vous convient pour développer des personnages plus réalistes, plus naturels, moins stéréotypés.
Et ne vous affolez pas si, d'un projet à l'autre, vous passez d'un plan très détaillé à pas de plan du tout !
En clair, il n'y a pas une méthode pour apprendre à écrire un roman, il y a une méthode par auteur.
Non, en réalité, il n’y a qu’une seule étape pour commencer à écrire votre roman.
C'est en écrivant que l'on apprend à écrire.
Ne pensez à rien, ni à l’intrigue, ni aux personnages, ni à la fin. Ne vous préoccupez pas des détails ou de la qualité de votre prose.
Pas pour l’instant.
Les meilleures idées arrivent au moment où on s’y attend le moins : c’est-à-dire pendant l’écriture (et le sommeil).
Tout ce qu’il vous faut pour l'instant, c’est une scène forte, que vous preniez PLAISIR à écrire.
Avec la pratique, vous allez commencer à comprendre votre rythme d'écriture, apprivoiser vos propres habitudes, vos goûts, vos besoins, et vous saurez si vous êtes architecte ou jardinier, ou aucun des deux, si vous préférez vous appuyer sur un plan détaillé ou ne vous contenter que d'un canevas structurel.
Et peu à peu, vous insufflerez à votre travail une méthode unique.
Qui ne viendra que de vous.
Pour cela, commencez par vous asseoir et kiffez votre race !
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